« Zarmanazan » dans les Alpes

Après deux ans de pause à cause de la pandémie de coronavirus, « Zarmanazan » a élu domicile dans la station-village « Vallée de l’Abondance », plus précisément dans le gîte « Le Carlina », au cœur des Alpes. Anciens et nouveaux participants ont fait revivre ce camp d’été qui a été initié il y a sept ans par la Fondation Calouste Gulbenkian.
Comme par le passé, les ateliers sont variés, et pas toujours avec le même contenu. Les groupes sont divers, souvent changeants en fonction de l’âge et de l’intérêt des participants. Les participants travaillent comme des abeilles : toutes les heures, ils se déplacent d’un endroit à l’autre et se séparent pour mieux se retrouver. Ils s’étirent imperceptiblement comme des nuages pour former soudain de nouveaux groupes.
De neuf heures du matin à six heures de l’après-midi, la journée, est assaisonnée d’ateliers et de rassemblements, notamment le soir, après le dîner, lorsque les participants écoutent tous ensemble l’émission de radio « Zarmanadzaïn » ou que sont présentées de courtes vidéos, des improvisations, des chansons et des danses ou que sont organisés des jeux collectifs. Il y a aussi le « Baytotsaran »,
au cours duquel sont présentés le travail de la journée et les programmes artistiques.
Les participants au camp d’été sont des accompagnateurs, des enseignants, des cuisiniers, des responsables administratifs, soit environ 100 personnes, des adolescents, des adultes, des personnes âgées et des enfants venus des quatre coins du monde. Le temps d’un mois, ils ont temporairement quitté leur maison, leurs parents et amis, leurs jeux et activités pour se rendre à l’autre bout de la diaspora et pour vivre l’arménien au quotidien, dans une atmosphère riche et créative, où l’arménien occidental est la langue de tous.
Les cultures argentine, américaine, française, grecque, turque, syrienne et libanaise participent inconsciemment à façonner un arménien transnational qui relie toute cette diversité souvent cachée, oubliée, ignorée, méconnue ou rejetée dans le quotidien de ces enfants et de la majorité des participants. « Zarmanazan » crée un champ magnétique pour un apprentissage de l’arménien libre, détendu, enthousiaste, convivial, intergénérationnel…
Que de potentiel humain, de réflexion, d’expérience et de préparation, que d’heures pour tout organiser, pour trouver un langage commun compréhensible de tous, où chacun puisse trouver sa place, sans rituels stéréotypés, et en faisant appel à toutes les capacités de créativité physique et mentale. Partant des exercices physiques les plus simples, les participants s’essaient au yoga et à la capoeira, en passant par la zumba et chant et la danse arménienne, avant de plonger dans divers travaux manuels comme la confection d’ornements avec des fils de couleur ou de métal, le travail du bois, la peinture, la poterie…
La journée est bien remplie avec l’utilisation de moyens audiovisuels innovants qui sont préparés et servis aux participants chaque jour comme du pain chaud. L’étude des lettres, de littérature et les
ateliers d’écriture créative sont réservés aux adolescents et aux adultes.
Le groupe d’élèves-enseignants a son propre programme, qui a été élaboré par la direction du département arménien de l’Inalco (Université des langues orientales de Paris). Ce programme les encourage à adopter des programmes éducatifs créatifs et innovants et à les mettre en œuvre. Les enseignants ont également la possibilité de suivre une série d’ateliers en tant qu’observateurs, d’expérimenter la mise en œuvre d’idées innovantes, afin d’enrichir leur projet éducatif par leurs observations et leurs réflexions.
L’été, diverses organisations religieuses, éducatives, de jeunesse et de scoutisme de la communauté arménienne organisent des camps pour les enfants. Chacun comporte un degré différent d’éducation arménienne. « Zarmanazan », quant à lui, est dédié à l’apprentissage de l’arménien occidental par le biais d’ateliers culturels et créatifs.

J. Tch.