Dans une très très longue interview accordée aux chaînes de télévision locales, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a déclaré que « l’action se poursuivra dans le couloir de Latchine jusqu’à ce que toutes les demandes des militants écologistes soient exaucées. » Il a également déclaré « si certains Arméniens ne veulent pas vivre en tant que citoyens azerbaïdjanais, la voie est ouverte et ils peuvent partir … Nos exigences sont parfaitement légitimes : surveillance, arrêt de l’exploitation minière. Et nous y parviendrons. »
Selon lui, il n’y a pas de blocage du couloir de Latchine puisque les « casques bleus russes » et la Croix-Rouge internationale utilisent régulièrement cette route. Environ 400 camions des « casques bleus russes » l’auraient empruntée depuis le début du blocus. Aliev souligne également que la Croix-Rouge se serait adressé un certain nombre de fois aux autorités azéries qui ont à chaque fois répondu positivement aux demandes. Selon lui, les affirmations de la partie arménienne selon laquelle la route est fermée constituent donc un « un nouveau show anti-azerbaïdjanais … L’Arménie et ses sponsors pensent qu’ils agissent, mais en fait ils ne parviennent à rien. Nos exigences sont légitimes. Nous n’étions pas autorisés à surveiller l’exploitation illégale de la mine, ils ont fait un spectacle sur place, … alors appeler les événements sur la route Khankendi-Latchine [Stepanakert-Berdzor-Aghavno] un blocus est tout simplement faux. »
Il a également lancé un « appel » aux Arméniens d’Artsakh, notant que Bakou « fournira tout le nécessaire à tous ceux qui resteront et vivront en Azerbaïdjan » et ajouté « Je l’ai déjà dit, je tiens à le dire une fois de plus, que tous ceux qui veulent vivre là-bas [à Stepanakert] sous le drapeau de l’Azerbaïdjan, en tant que citoyens azerbaïdjanais, bénéficieront de conditions, de droits et de la sécurité. Le cas récent d’un Arménien qui voulait fumer et qui a reçu deux paquets de cigarettes témoigne du fait que nous assurerons non seulement ses droits et sa sécurité, mais aussi qu’il vivra beaucoup mieux. » Et de reprendre une nouvelle fois son sempiternel refrain selon lequel « De manière plus globale, il n’y a pas de problème pour nous. Si un mouvement séparatiste n’avait débuté contre nous, aujourd’hui ils (les Artsakhiotes) pourraient vivre au même niveau que n’importe quelle région de l’Azerbaïdjan. Le tableau actuel de leur vie est visible pour tous. On sait dans quelles conditions ils vivent. Si certains d’entre eux ne veulent pas être citoyens azerbaïdjanais, le corridor de Latchine est ouvert, ils peuvent partir d’eux même, personne ne les arrêtera, car ils peuvent monter dans les camions ou les bus des Casques bleus. »
Concernant le fameux « corridor de Zenguézour », Aliev affirme qu’il n’est pas seulement un projet économique et de transport, mais également un projet stratégique dont il ne dissimule pas les objectifs : « Maintenant, l’Arménie veut l’éviter. En effet, elle ne remplit pas ses engagements depuis plus de deux ans. Mais cela ne nous arrêtera pas. Il s’agit d’un projet stratégique pour nous, et pas seulement pour nous, mais aussi pour plusieurs pays voisins et pour une géographie plus étendue ». Tout le monde aura compris qu’il s’agit de la Turquie d’Erdogan et de la réalisation de son plan impérial panturquiste dans lequel l’Azerbaïdjan n’est que le « second couteau ».
Le message d’Aliev pétri d’un cynisme absolu comparable au baklava baignant dans son sirop est on ne peut plus clair : les Arméniens d’Artsakh ont désormais le choix entre la valise et le cercueil.
L’Artsakh et sa population sont les Sudètes. Question : qui sont les « Munichois » ?
Sahak SUKIASYAN