La déclaration du Conseil de sécurité d’Artsakh
Une réunion du Conseil de sécurité a été convoquée le 11 janvier sous la direction du Président de la République d’Artsakh, Araïk Haroutunian, à laquelle ont participé toutes les forces politiques de l’Assemblée nationale.
Lors de la réunion, les conséquences de la crise humanitaire en Artsakh, qui dure depuis environ un mois en raison du blocus de Berdzor imposé par l’Azerbaïdjan, et les déclarations de ces derniers jours des dirigeants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan relatives à cette situation ont été discutées. En conséquence, le Conseil de sécurité a publié la déclaration suivante :
« Cela fait presque un mois qu’un groupe de soi-disant “écologistes” a bloqué la seule route reliant l’Artsakh à l’Arménie avec le soutien total et ouvert des autorités actuelles de l’Azerbaïdjan. Avec de telles actions, la partie azerbaïdjanaise a pratiquement privé la population de la République d’Artsakh de la seule possibilité de contact avec le monde extérieur, laissant les 120 000 habitants dans un blocus complet, avec toutes les conséquences humanitaires, sanitaires et économiques qui en découlent.
Les pensées exprimées par le Président azerbaïdjanais lors de la conférence de presse tenue le 10 janvier ont prouvé une fois de plus que tout cela n’est qu’une manifestation claire de l’usage de menaces de force par les autorités azerbaïdjanaises dans le processus de règlement de la question du Karabakh, qui est la suite de la guerre de 44 jours déclenchée par l’Azerbaïdjan contre le peuple de la République d’Artsakh.
Dans ce contexte, un certain nombre de revendications et d’opinions exprimées par le Premier ministre arménien lors de la conférence de presse du même jour, 10 janvier, ont suscité des inquiétudes, car elles ne correspondent pas aux idées de la lutte nationale, ni à la position adoptée par la population et les autorités de la République d’Artsakh.
Nous sommes conscients de toutes les conséquences qui découlent de notre ligne politique et réaffirmons notre position selon laquelle la souveraineté de l’Artsakh et le droit de vivre librement et indépendamment dans notre patrie historique sont des valeurs absolues. Aucune coercition ou menace ne peut nous dissuader de notre décision de continuer la lutte.
En conséquence, nous appelons la communauté internationale à assumer la responsabilité d’empêcher les actions terroristes entreprises par l’Azerbaïdjan, le nettoyage ethnique planifié et le nouveau génocide en préparation.
Le peuple et les autorités de la République d’Artsakh sont convaincus que les Arméniens de la diaspora continuent de soutenir la décision prise par leurs frères et sœurs d’Artsakh, et exhortent les autorités arméniennes à se laisser guider exclusivement par la position de promotion et de protection du droit de l’autodétermination du peuple d’Artsakh devant les tribunaux internationaux, en utilisant toutes les capacités de l’État internationalement reconnu et tous les outils possible. »
***
Afin de mieux comprendre quels sont les propos de Pachinian qui ont provoqué un tel tollé, apportons les explications suivantes :
Le Premier ministre avait déclaré lors de la conférence de presse du 10 janvier : « Ce n’est pas le gouvernement arménien qui doit décider du sort et des relations du Haut-Karabakh. Le peuple du Haut-Karabakh doit décider par lui-même et rester en communication, y compris avec les autorités azerbaïdjanaises. »
Il a également déclaré que l’ensemble de la communauté internationale perçoit le Haut-Karabakh comme faisant partie de l’Azerbaïdjan aujourd’hui, comme hier. « J’ai déjà dit qu’il n’y a pas et qu’il n’y a jamais eu un seul pays au monde qui ne reconnaît pas le Haut-Karabakh comme faisant partie de l’Azerbaïdjan. Il n’y en a pas et n’y en a jamais eu. Et nous avons le choix de nous ranger du côté de la logique du progrès international ou contre cette logique. Les deux sont des choix, mais ils ont un leurs résultats et/ou leurs conséquences. Et notre devons opter pour l’un de ces choix. »
Pachinian, cependant, n’a pas donné de réponse claire à la question d’un journaliste s’il est acceptable pour l’Arménie que le Karabakh fasse partie de l’Azerbaïdjan.
Ajoutons que l’opposition parlementaire arménienne a, de même, rigoureusement réagi à ces propos.
Dans tout cela, le fait le plus important et la plus brûlant est que le même jour, presque au même moment, Aliev a également présenté ses revendications lors de la conférence de presse qu’il a donnée, entre autres, soulignant qu’il jugeait inacceptable toute forme de négociation avec Stepanakert. Il a ouvertement répété son projet de dépeupler enfin l’Artsakh.
Et, c’est dans ces circonstances malheureuses que l’Artsakh se retrouve tout seul, « abandonné » de tous.