Le jeudi 13 avril, une importante conférence s’est tenue dans la prestigieuse Sorbonne ayant pour titre « Le blocus dans le Haut-Karabagh (Artsakh) », et pour sous-titre « La force prime-t-elle le droit ? »
On doit cette initiative à l’historien du droit français, maître de conférences dans les facultés de droit, spécialiste de l’histoire du droit canonique arménien et byzantin de l’Antiquité et du Moyen Âge, le prof. Aram Mardirossian.
Environ deux cents participants, parmi lesquels Mme Hasmik Tolmajian, ambassadrice d’Arménie en France, et Hovhannès Guévorkian, représentant permanent de l’Artsakh, ont suivi avec intérêt les témoignages et exposés de spécialistes de la géopolitique, de la sphère humanitaire et du droit international concernant la situation actuelle si préoccupante en Artsakh.
Dans son discours d’introduction, Aram Mardirossian a en particulier mentionné tous les points du droit international violés clairement par le blocus du corridor de Berdzor. Il a également fermement fustigé les dirigeants azerbaïdjanais et turc, tout en regrettant que la France ne définisse pas une position plus claire aux côtés des Arméniens.
La conférence s’est spécialement penchée sur la situation chaotique et inquiétante créée par l’attitude belliqueuse de l’Azerbaïdjan envers les Arméniens dans le Caucase et en particulier en Artsakh.
Hovhannès Guévorkian, naturellement très préoccupé et touché par le contexte actuel, a présenté la situation en détail, qui ne peut être qualifiée autrement que de tragique.
Puis Tigran Yegavian, chercheur au CF2R, a pris la parole. Son intervention était centrée sur les relations de l’Arménie et des Arméniens avec leurs voisins, du passé à nos jours, à l’aide de projection de cartes de l’Arménie et de l’Artsakh, concernant le conflit avec l’Azerbaïdjan. A la fin de son discours, Yegavian s’est concentré sur la stratégie de l’Azerbaïdjan, la rhétorique nationaliste d’Aliev, qui rend la vie des Arméniens d’Artsakh impossible.
Lui a succédé Alain Boinet, engagé dans des activités humanitaires depuis 1990. il est également président de la revue « Défis humanitaires ». Boinet a assuré de son soutien indéfectible à la reconstruction de l’Artsakh et pour répondre à ses besoins. Il a déclaré qu’il partage entièrement le point de vue de Bernard Kouchner selon laquelle la solution doit être exclusivement politique, sinon la guerre devient inévitable.
Le rédacteur en chef adjoint du Figaro Magazine, Jean-Christophe Buisson, qui a ensuite pris la parole, a insisté sur la nécessité de sanctionner Aliev. Il a mis l’accent sur la nature indissociable de l’Artsakh et de l’Arménie. « Si nous abandonnons l’Artsakh, nous abandonnons l’Arménie, et vice versa », a-t-il souligné. Evoquant longuement toutes les agressions de l’Azerbaïdjan, dont le peuple d’Artsakh est victime, il a mentionné qu’« il est de notre devoir de lui témoigner le plus grand soutien ». Buisson a laissé apparaître une lueur d’espoir lorsqu’il a fait référence d’un convoi humanitaire international probable vers l’Artsakh. Il a également souligné la nécessité d’utiliser le nom d’Artsakh pour qualifier le pays, notant que l’origine du nom du Haut-Karabakh n’est pas claire. Il a souvent “coloré” ses propos avec de nombreuses photographies prises par Antoine Agoudjian sur place.
Le discours de clôture de la conférence a été prononcé par l’avocat et écrivain Me Frederic Forgues. Avec l’appui de nombreux documents projetés sur l’écran, il a fait des analyses techniques du droit international pour parler des circonstances liées au crime de génocide. Il a déclaré que le plus important est « de pouvoir donner une réponse légale à la situation illégale ».
À la fin de la conférence, Aram Mardirossian a annoncé qu’il projetait d’organiser prochainement un nouveau débat.
C.I.
Photo : Jean Eckian