Stéphane Cermakian
L’APCAF, en partenariat avec la Mairie d’Alfortville, a organisé pour la deuxième édition des Dialogues d’Alfortville, tenue le jeudi 5 juin à l’école maternelle Mariam Arabian, une conférence consacrée à Missak Manouchian, le poète. Les conférenciers étaient deux spécialistes de la langue et de la littérature arméniennes : Stéphane Cermakian, maître de conférences en langue et civilisation arméniennes et directeur du Département d’Études moyen-orientales à l’Université Aix-Marseille, également traducteur du recueil des poésies de Missak Manouchian, « Ivre d’un grand rêve de liberté », paru aux Éditions Points, ainsi que Gérard Malkhassian, professeur de philosophie en classes préparatoires et enseignant à l’Inalco.
Depuis la panthéonisation de Missak Manouchian, le résistant n’était plus un inconnu, mais ce dernier cachait l’autre facette de sa personnalité, le poète, que peu de gens connaissaient.
Militant politique, mais aussi homme de lettres, Manouchian a peu produit. Son recueil comprend 56 poèmes et certains écrits en prose, qui sont, comme il a été rappelé lors de la soirée, en cours de traduction, mais il fut aussi éditeur de revues littéraires, comme Mechagouyt, Zankou… Stéphane Cermakian a présenté l’œuvre poétique de Manouchian, ses rêves et ses espoirs, sa souffrance et sa mélancolie. Il a caractérisé sa poésie comme intimiste, empreinte de simplicité et de passion. À travers ses poèmes transparaissent l’exilé, l’étranger, l’amoureux de la nature, l’assoiffé de connaissance, l’épris de liberté, le combattant pour la justice…
Gérard Malkhassian
Gérard Malkhassian a, pour sa part, situé Manouchian dans son époque, le milieu littéraire et social dans lequel il a évolué. Il a présenté son exposé en deux parties : d’abord le groupe de jeunes écrivains, ses compagnons de lutte et d’écriture, dans l’environnement littéraire, et en deuxième partie, l’étude de certains aspects de cette littérature, comme celle de Sema, qui est une sorte d’auto-analyse littéraire des exilés déracinés qui font le choix de l’adhésion au communisme, ce qui idéologiquement les rapproche de l’Arménie soviétique, qui présente une référence identitaire fondamentale, et leur permet de lutter contre les injustices dont ils ont été victimes.
Gorune Aprikian, présentateur de la soirée, a rappelé le but de l’organisation de « Les Dialogues d’Alfortville », qui envisagent un cycle de rencontres publiques consacrées à des sujets liés à l’histoire et à la culture arméniennes qui se tiendra sur 3 ans, entre 2025 et 2027, en partenariat avec la ville d’Alfortville. Lancés lors du 140e anniversaire de la ville, « Les Dialogues d’Alfortville » ont pour but de familiariser le public avec les recherches et les débats sur les questions arméniennes.
La première conférence, tenue en février dernier, avait pour thème l’alphabet arménien. Elle a accueilli deux conférenciers : Jean-Pierre Mahé, historien, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dont le thème était « Machtots, un alphabet sur mesure », et Chahan Vidal-Gorène, paléographe, responsable du master Humanités Numériques à l’École des Chartes : « Généalogie des écritures arméniennes et lecture automatique des manuscrits », présentés par Michel Marian, essayiste.
Michel Budakci, président de l’AGEFAA, la structure créée récemment par l’APCAF, et hôte de la soirée, a demandé l’aide des présents afin de permettre l’ouverture et l’accueil des enfants dans la nouvelle maternelle Mariam Arabian en septembre prochain.
C.I.
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