BAKOU – Appel subliminal au Jihad et à la « reconquête » de l’Azerbaïdjan occidental 

Le 22 mai, s’est tenu au siège du Bureau des Musulmans du Caucase une réunion des responsables musulmans de l’Azerbaïdjan et de l’ensemble du Caucase. Un discours d’une rare violence a été lu à cette occasion par le Cheikh-ul-Islam Allahchukur Pachazadé,le « chef spirituel » azerbaïdjanais, et dont aucun des termes ne doit être minimisé.

Nous nous contentons pour l’heure de publier sa traduction à l’attention de nos responsables politiques et religieux et pour qu’il soit également adressé aux autorités religieuses, en particulier catholiques et orthodoxes, qui collaborent activement avec le régime des Aliev.

Derrière les propos d’Allahchukur Pachazadé, il faut naturellement voir la rhétorique belliqueuse et expansionniste de son maitre, Ilham Aliev. Pachazadé le cite d’ailleurs  ouvertement dans son allocution « Erevan est notre terre historique et nous, les Azerbaïdjanais, devons y retourner. C’est notre objectif politique et stratégique, et nous devons nous en rapprocher progressivement. »[1].  Une confirmation, si besoin était encore, de son refus de signer un traité de paix avec l’Arménie. Mais surtout de vouloir parachever son dessein génocidaire à l’égard du peuple arménien : « Erevan est notre terre historique ». Nulle place pour les Arméniens dans la géographie de la région, y compris dans leur propre capitale. On notera que cette réunion et ces propos coïncident avec la visite à Erevan de Sergueï Lavrov.

Ce discours télécommandé par Aliev n’a sans doute qu’un but, conforter sa politique visant à soumettre l’Arménie, son peuple et ses dirigeants à un état de grand stress et les pousser à la faute[2] pour prétexter une nouvelle agression azérie qui pourrait bien être fatale à l’Arménie si on considère l’absence de réaction de la « communauté internationale » face aux actions du dictateur azéri.

Allahchukur Pachazadé adresse son discours aux « Ghazis » réunis pour la circonstance autour lui. Dans sa conception traditionnelle, le cadi [Ici Ghazi] est dans le monde islamique une sorte de « magistrat » remplissant des fonctions civiles, judiciaires et religieuses. Il est à la fois un juge de paix et un notaire qui règle des problèmes de la vie quotidienne : mariages, divorces, répudiations, héritages et successions. Le mot « cadi » provient d’un verbe arabe signifiant « juger », « décider ». Mais le même mot dans sa version turque « Ghazi »  [conquérant] désigne les soldats qui participent à la Gazā, le Jihad, la « Guerre sainte ». C’est sans aucun doute le sens que lui donne Allahchukur Pachazadé et son discours conquérant comporte de toute évidence tous les éléments de langage d’un appel subliminal au jihad.

Les responsables du site du Bureau des Musulmans du Caucase demandent que toute citation ou utilisation du texte fasse référence à leur site.

Une demande tout à fait inutile car personne ne douterait de sa provenance.

Le texte mérite  d’être largement diffusé et j’invite tous les acteurs de la vie arménienne, religieux, universitaires, responsables politiques et associatifs à l’adresser à leurs collègues et confrères.

Sahak SUKIASYAN

Discours du Cheikh-ul-Islam Allahchukur Pachazadé à la réunion du Conseil des Ghazi du Bureau des Musulmans du Caucase sur la restauration des activités du Ghazi d’Erevan

Je salue sincèrement chacun d’entre vous à l’occasion de cette réunion spéciale du Conseil des Anciens du Conseil des Musulmans du Caucase.

Je prie Allah, le Tout-Puissant, pour le succès de l’événement d’aujourd’hui qui est d’une importance exceptionnelle pour notre Conseil et toute notre communauté religieuse, et d’une importance historique pour notre peuple.

Après la victoire du Karabakh que nous avons obtenue sous la direction du Commandant en chef suprême victorieux Ilham Aliev, le cœur de chaque Azerbaïdjanais bat avec une plus grande fierté et un plus grand honneur pour le rétablissement de la justice historique.

La libération de la Terre Sainte de l’occupation, la libération de nos mosquées et des lieux de culte de l’esclavage, l’appel à la prière qui retentit sur nos terres ancestrales, la renaissance de nos villes et villages, le  Grand Retour, ont mis fin à l’oppression du peuple azerbaïdjanais qui durait depuis des décennies.

Heureusement, avec la grâce et l’aide de Dieu Tout-Puissant, et sous la conduite de notre estimé chef d’État, notre peuple a réalisé ces rêves.

Que notre Grand Seigneur ait pitié de nos martyrs héroïques qui ont donné leur vie pour la Patrie, et accorde le rétablissement à nos vétérans !

L’une des principales questions qui a acquis une grande importance après la restauration de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’État azerbaïdjanais est celle de la garantie de notre souveraineté culturelle et spirituelle et l’établissement de la justice sur le plan religieux et spirituel.

Comme on le sait, nos Ghazi traditionnels opéraient dans le Caucase, dans l’espace spirituel soumis à l’autorité du Bureau des Musulmans du Caucase qui constitue un centre religieux historique. Ces Ghazi subordonnés au centre religieux, ont non seulement satisfait aux intérêts et besoins religieux et spirituels de notre peuple dans les régions où vivaient historiquement les Azerbaïdjanais, mais ils ont également joué un rôle majeur dans la conscience nationale, l’affirmation de soi, assuré la représentation de la civilisation islamique à laquelle appartient notre peuple à un niveau élevé.

L’expulsion progressive des Azerbaïdjanais de leurs terres ancestrales dans l’Arménie actuelle, le nettoyage ethnique et les déportations ont conduit à la fin sous la contrainte  des activités des Ghazi. Au cours de mon mandat de Ghazi d’Erevan et du Nakhitchevan en 1978-79, j’ai beaucoup voyagé dans les villes et villages situés sur le territoire de l’Arménie actuelle, ainsi que dans plus de 300 mosquées, sanctuaires et lieux saints[3], et j’ai eu l’occasion de communiquer avec nos compatriotes. La situation dans ces lieux est aujourd’hui déplorable.

Les Arméniens, qui ont créé un État sur nos terres historiques en soumettant notre peuple à des déportations et à un génocide, ont commis des actes de vandalisme contre nos monuments nationaux et culturels dans ces territoires, ont empiété sur notre patrimoine religieux et culturel, ont détruit nos mosquées, se sont appropriés nos biens et ont détruit nos cimetières afin d’effacer nos traces sur nos terres ancestrales.

Des exemples de la culture matérielle et spirituelle appartenant à notre peuple sur les terres de l’Azerbaïdjan occidental, des reliques appartenant aux mosquées ont été pillées, des exemplaires rares du Coran et des manuscrits exquis ont été vendus aux enchères dans des pays étrangers[4].

Le fait que la mosquée Juma d’Erevan [Mosquée bleue], construite par des Azerbaïdjanais, ait été rénovée pour être fréquentée par des hommes d’affaires iraniens et présentée comme une mosquée persane est également un parfait exemple de fraude et de vandalisme arménien.

Les Arméniens qui ont profané les mosquées et les lieux de culte et les ont utilisés à des fins qui ne sont pas conformes à leur vocation d’origine, vendent toujours délibérément de l’alcool dans le bâtiment de notre mosquée dans le quartier de Tepebashi [Gond ]à Erevan.

Cependant, même pendant les années où le conflit s’est poursuivi, nous avons rénové le bâtiment de l’église arménienne au cœur de notre capitale ; nous l’avons préservée comme monument historique et spirituel et avons protégé sa bibliothèque.

Les milieux arméniens, qui nous accusent faussement de « détruire le patrimoine historique et culturel arménien » au Karabakh, oublient les actes de vandalisme et de barbarie qu’ils ont commis contre le patrimoine religieux et spirituel de l’Azerbaïdjan.

Ces dernières années, des mesures très importantes ont été prises pour faire la lumière sur ces vérités au niveau international. Contrairement à l’Arménie mono-ethnique[5], dans l’Azerbaïdjan multiculturel, les lieux de culte appartenant à toutes les religions sont restaurés et reconstruits avec une attention et un soin particuliers dans le Karabakh libéré par la Fondation Heydar Aliev, dirigée par la première vice-présidente de notre pays, Mehriban Alieva[6].

Chers participants de la réunion !

C’est un fait que les cercles religieux arméniens s’emploient à établir leur représentation religieuse dans des territoires qui ne leur appartiennent pas, installés en un endroit qu’ils appellent Etchmiadzine – la terre historique azerbaïdjanaise où reposent nos compatriotes. Ils ont établi un « diocèse d’Artsakh » dans notre Karabakh, et le diocèse de la Nouvelle-Nakhitchevan en Russie qu’ils ont baptisé du nom de notre Nakhitchevan[7].

Le seul but du centre religieux arménien, qui se présente comme une communauté distincte – les premiers chrétiens au monde – avec de fausses théories sur l’histoire du christianisme, est de conforter le fantasme arménien malsain de la « Grande Arménie ».

Nous sommes confrontés à une mentalité qui, à travers ses centres religieux à Etchmiadzine et en Cilicie, s’approprie l’héritage culturel et spirituel d’autres peuples par mille sortes de fraudes, propage des appels empreints de mensonges, de calomnies, s’éloignant des principes de paix, de fraternité et de voisinage pacifique de la religion chrétienne, encourageant constamment la discorde et l’hostilité, et appelant au revanchisme et à la confrontation au nom de ses rêves maladifs. Les États et les milieux intéressés par la croyance aux mensonges arméniens les soutiennent et les aident dans cette entreprise.

Oui, c’est la réalité, s’appuyant sur l’Église nationale arménienne, les Arméniens du monde entier continuent de duper la communauté internationale avec leur hypocrisie historique et politique. Leur objectif est que si l’État arménien s’effondre en raison de l’incompétence de ses dirigeants politiques, l’Église nationale arménienne poursuive sa mission de centre de mobilisation, crée un État religieux grégorien du type Vatican et le dirige elle-même. Ainsi, l’Église arménienne a l’intention perverse de prolonger sa présence sur nos terres historiques d’une manière ou d’une autre.

C’est  une grande menace pour tous les pays de la région voisins de l’Arménie.

Dans de telles circonstances, il est urgent que le Bureau des Musulmans du Caucase rétablisse les activités du Ghazi historique d’Erevan[8].

Nous devons revivifier le pilier spirituel de notre existence nationale en Azerbaïdjan occidental. La justice historique l’exige de nous !

Le Bureau des Musulmans du Caucase, centre historique et religieux de la région, accomplit sa mission de centre religieux et spirituel, préservant son statut d’héritier d’un patrimoine spirituel traditionnel séculaire, se référant à ses racines historiques.

En tant que centre religieux respectueux de notre passé et croyant en notre avenir, nous sommes convaincus que la mosquée Iravan Ghazi devrait reprendre ses activités en Azerbaïdjan occidental, l’un des sites historiques de la civilisation islamique, comme elle l’a traditionnellement été à Tbilissi[9], Batoumi et Derbent.

Comme l’a souligné le président de l’Azerbaïdjan, Son Excellence M. Ilham Aliev: « Erevan est notre terre historique et nous, les Azerbaïdjanais, devons y retourner. C’est notre objectif politique et stratégique, et nous devons nous en rapprocher progressivement. »

Chers membres du Conseil des anciens combattants !

Compte tenu de tout ceci, en concertation avec la Communauté de l’Azerbaïdjan occidental[10], nous annonçons notre décision historique de restaurer le Gazi d’Erevan, et portons à votre attention le statut du Gazi d’Erevan et proposons qu’il soit soumis au vote.Lors de l’utilisation des matériaux, une référence au site est obligatoire.

Ci-dessous, le  lien pour consulter le texte dans sa version originale

https://www.qafqazislam.com/index.php?lang=az&sectionid=news&id=3430

————

[1] Pachazadé cite dans son adresse un extrait du discours de salutation adressé par Aliev à la « Conférence internationale sur le retour vers l’Azerbaïdjan occidental » qui s’est tenue le 21 mai à Ankara. Voir Nor Haratch : https://norharatch.com/news/les-elucubrations-daliev-concernant-l-azerbaidjan-occidental/

[2] En plus de provoquer une vague de panique et un nouvel exode des habitants des villages frontaliers, les tirs azerbaïdjanais de ces dernières semaines en direction de ces localités relèvent sans aucun doute  d’une volonté des dirigeants politiques et militaires de Bakou d’exaspérer les militaires arméniens pour les obliger à des tirs de représailles qui seraient la prétexte  pour une reprise des hostilités.

[3] On ignore toujours à ce jour où étaient situées ces « 300 mosquées et lieux saints » car hormis les mosquées persanes d’Erevan détruites en même temps que les églises arméniennes et la cathédrale russe saint Nicolas, aucune gravure ni photographie n’atteste de leur existence. A l’inverse, les Arméniens peuvent, documents et photos à l’appui, prouver l’existence des milliers de monuments, églises, cathédrales, monastères et cimetières détruits sur tout le territoire qu’occupe aujourd’hui l’Azerbaïdjan.

[4] Pour information, le Madenataran, l’Institut-musée des manuscrits d’Erevan, conserve dans ses réserves et expose dans ses salles de nombreux exemplaires du Coran.

[5] La population de l’Azerbaïdjan était Azérie à 91,6 % en 2009, contre 62,1 en 1926.

[6] Exemple : le dynamitage des églises Saint Jean-Baptiste de Chouchi et de la Sainte Ascension de Bertzor.

[7] Voir l’étymologie du nom Nakhitchevan.

[8] Une entité équivalente à un diocèse.

[9] Les citoyens de la très orthodoxe Géorgie seront sans doute ravis d’apprendre que leur capitale est l’un des « sites historiques de la civilisation islamique »

[10] Une officine créée par l’Etat azerbaïdjanais pour présenter ses exigences territoriales à l’égard de l’Arménie.