À l’issue de la 51e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) qui s’est tenue à Istanbul, plusieurs résolutions ont été adoptées, parmi lesquelles figure pour la première fois une résolution concernant la soi-disant « Communauté d’Azerbaïdjan occidental ».
Dans la déclaration de l’organisation comptant 57 membres, l’Azerbaïdjan présente une série de revendications à l’Arménie. Les pays islamiques appellent Erevan à surmonter les obstacles juridiques et politiques restants qui entravent la signature d’un accord de paix arméno-azerbaïdjanais et ainsi à cesser de porter atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan. En outre, ils condamnent le refus de l’Arménie d’engager un dialogue avec la « communauté d’Azerbaïdjan occidental » et réaffirment son droit de retour vers ses lieux d’origine sur le territoire de l’Arménie actuelle.
Par ailleurs, l’OCI réaffirme son soutien total au gouvernement et au peuple azerbaïdjanais « dans leurs efforts de restauration et de reconstruction des territoires libérés ayant subi l’agression arménienne ».
En réponse à ces affirmations et revendications infondées, le ministère des Affaires étrangères d’Arménie a publié un communiqué.
Le communiqué du ministère des Affaires étrangères de la République d’Arménie
Le ministère des Affaires étrangères de la République d’Arménie exprime sa profonde déception face aux formulations déformées et extrêmement partiales contenues dans la « Déclaration d’Istanbul » adoptée lors de la récente conférence ministérielle de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), ainsi que dans les résolutions présentées à l’initiative de l’Azerbaïdjan. Les positions exprimées dans ces documents vont à l’encontre des intérêts et de la logique d’un établissement durable de la paix dans la région.
Nous attirons l’attention des États membres de l’OCI sur le fait que la rhétorique du prétendu « Azerbaïdjan occidental », sous couvert de défense des droits de l’homme, constitue une revendication territoriale explicite de l’Azerbaïdjan sur le territoire souverain de la République d’Arménie. Cela est confirmé dans les documents fondateurs de l’« organisation » artificiellement créée sous ce même nom. Il est utile de rappeler que le véritable Azerbaïdjan occidental désigne les régions occidentales de l’Azerbaïdjan : Gazakh, Tovuz, Aghstafa, Gedabey, Dashkasan, Kelbajar, Latchine, Goubadly, Zangilan et le Nakhitchevan. Il n’existe sur le territoire de la République d’Arménie aucun endroit appelé « Azerbaïdjan occidental », ni ne peut en exister.
Quant aux Azerbaïdjanais ayant vécu en Arménie soviétique, ils ont quitté volontairement le pays dans les dernières années de l’URSS, vendant ou échangeant leurs biens ou recevant une compensation du gouvernement arménien. Malheureusement, le sort des Arméniens en Azerbaïdjan a été tout autre : à Bakou, Soumgaït et ailleurs, ils ont été victimes de massacres et de déportations forcées. Le dernier épisode tragique de ce processus a eu lieu à l’automne 2023, lorsque plus de 115 000 Arméniens ont été contraints de fuir le Haut-Karabakh, victimes d’un processus de nettoyage ethnique.
Le soutien indirect de l’OCI à de tels agissements crée une contradiction logique avec ses positions passées concernant les crises au Moyen-Orient ces deux dernières années.
Il est également surprenant de voir une interprétation déformée des événements de Khodjaly. L’histoire réelle des crimes contre l’humanité est bien documentée et réfute clairement toute accusation portée contre la République d’Arménie.
Il est regrettable que la déclaration adoptée s’écarte des déclarations précédentes faites par les États membres de l’OCI en mars de cette année et par la suite, concernant l’établissement de relations interétatiques entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et la conclusion d’un accord de paix. Elle contient au contraire des formulations unilatérales posant des conditions préalables à la signature d’un tel accord.
Nous rappelons que l’Arménie a exprimé sa volonté de signer immédiatement un accord de paix, en proposant de discuter du lieu et des modalités de la signature, ainsi qu’en soumettant des propositions constructives concernant plusieurs questions soulevées par l’Azerbaïdjan. Il aurait été plus logique que les partenaires réellement engagés pour la paix appellent l’Azerbaïdjan à signer cet accord sans délai, au lieu de créer artificiellement des obstacles.
La résolution adoptée sur la protection des valeurs culturelles suscite également une profonde inquiétude. En ignorant les destructions en cours du patrimoine arménien dans les territoires sous contrôle azerbaïdjanais, ainsi que les actes de vandalisme systématiques, la résolution tente de détourner la question vers un prisme religieux, nourrissant des discours mensongers et dangereux. Le respect de l’Arménie envers le patrimoine culturel islamique est bien connu et facilement vérifiable.
Le ministère des Affaires étrangères appelle les États membres de l’OCI qui ont soutenu ces déclarations et résolutions à reconsidérer leur position et à rejeter fermement ces initiatives biaisées, qui portent atteinte à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de la République d’Arménie, tout en menaçant le processus de paix avec l’Azerbaïdjan.
Il existe aujourd’hui une réelle opportunité d’établir une paix durable dans le Caucase du Sud. Mais de telles approches, au sein même des organisations internationales, sapent sérieusement cette possibilité. La République d’Arménie reste attachée à une voie pacifique et à sa mise en œuvre, et attend de ses partenaires internationaux — y compris l’Organisation de la coopération islamique — qu’ils soutiennent les efforts visant à établir une paix solide et stable entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
La réaction de Bakou
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères d’Azerbaïdjan, Aykhan Hadjizade, commentant le communiqué du ministère des Affaires étrangères d’Arménie, a affirmé :
« La résolution adoptée par l’OCI “concernant le retour des Azerbaïdjanais expulsés de force du territoire arménien” reflète les faits historiques et est fondée sur les principes du droit international et de la justice. Contrairement aux affirmations d’Erevan, l’expulsion des Azerbaïdjanais résidant en Arménie n’a pas été volontaire, mais s’est produite par la violence, la terreur et de graves violations des droits de l’homme. »
Il a également déclaré que « les tentatives de l’Arménie de déformer le contenu des documents et de falsifier les événements historiques constituent un exemple supplémentaire de l’aspiration d’Erevan à entraver le processus de paix ».