Enfin, la conférence «Futur arménien» s’est tenue à Erevan du 10 au 12 mars, sur trois jours, au cours desquels 3 objectifs ont été débattus : responsabilité historique, unité Arménie-diaspora et croissance démographique.
Pour la première fois dans la réalité arménienne, le format de l’assemblée citoyenne a été adopté : une approche unique. 100 participants de la diaspora et 100 participants d’Arménie ont été sélectionnés par un programme informatique, parmi les 5714 personnes qui avaient exprimé leur envie de participer. Il y a plusieurs années, 15 objectifs prioritaires ont été adoptés par vote en ligne du public, dont les trois objectifs ci-dessus. Avant la conférence, des comités d’experts les avaient étudiés pendant 5 mois, et les conclusions ont été présentées aux membres de la conférence sous forme de propositions, qui à leur tour les ont complétées par leurs réflexions et suggestions. Et à la fin des discussions, ils ont voté les propositions finales.
La convention «Futur arménien» est une initiative atypique par son nom, son questionnement et sa façon de travailler. Le terme «Futur arménien» pose la question de la recherche d’une identité. À l’ère de la vitesse, sous l’influence des révolutions numériques, de la domination de la langue anglaise, de la mondialisation, de la violation du droit international, des migrations humaines massives, des mariages mixtes, de l’interpénétration des cultures, des catastrophes environnementales, que reste-t-il de l’identité propre des peuples et des États ? Que reste-t-il de l’originalité de leur identité culturelle ?
L’Arménie est bien au centre de ce questionnement, privée d’Etat pendant six siècles, partagée entre les empires russe, ottoman et perse… Depuis la fin de la première Guerre mondiale, elle a été au centre des bouleversements politiques, le génocide, l’héritage soviétique, l’émergence de la diaspora, la crise de l’Artsakh, la révolution de velours… Aujourd’hui, il est très courant d’entendre dans les discours politiques et lors des débats sur l’avenir de l’Arménie, des Arméniens et des stratégies à adopter, des termes comme : centré sur l’Arménie, centré sur la diaspora, la trinité Arménie-Artsakh-diaspora, être pro-occidental ou pro-russe, l’arménien oriental versus l’arménien occidental, etc., qui définissent différents états de l’identité arménienne.
Et quelle représentation suggère l’initiative «Futur arménien» ? Une formulation inhabituelle. L’avenir, quel avenir ? L’avenir à quel horizon ? La formulation est étrange, car le mot « futur », qui est à la fois un nom et un adjectif, est utilisé ici comme un adjectif ; et l’adjectif définissant l’identité « arménien », est utilisé comme ? . «Futur arménien» n’a pas de référence directe à un individu arménien ou à une zone géographique, comme l’Arménie, la diaspora… Le changement de ces rôles est un stimulant pour penser.
Aussi abstrait que puisse paraître ce titre, et par rapport aux préoccupations d’aujourd’hui – la guerre, l’indépendance de l’Artsakh, l’émigration, l’angoisse des Arméniens de la diaspora -, ceux qui l’ont pensé et organisé sont des gens sensés et qui ont bien leurs pieds dans leurs baskets. Ils sont cinq, six amis, reconnus internationalement, des personnalités chacune accomplies dans leur profession, telle que les finances, les sciences… Elles ont réalisé pendant des années de grands projets en Arménie et pour les Arméniens, ont développé et mis en œuvre des programmes, qu’ils soient éducatifs, culturels, sociaux : Prix Aurora, IDeA Foundation, Dilijan International School, Tatev Wings, MATENA Project…
Au cours de l’année prochaine, la convention «Futur Arménien» se réunira à nouveau pour discuter de trois autres objectifs, qui ont été choisis par vote. Pour la première fois, les participants au forum s’occupent de l’élaboration de l’ordre du jour, ils obtiennent le droit de voter pour ou contre telle ou telle proposition. Ce n’est plus de la démocratie représentative, mais de la démocratie numérique, le programme informatique choisissant les participants. Temps nouveaux, pratiques nouvelles.
J. Tch.