L’AAG*, l’organe de tutelle de l’école Kévork H. Arabian – Saint Mesrop d’Alfortville, a assigné en référé l’APCAF** et l’AGEFAA***, cette dernière étant l’association de gestion d’école que l’APCAF vient de créer, et qui est appelée à gérer la nouvelle école maternelle Mariam Arabian d’Alfortville.
Et voici une situation absurde, lorsque le gestionnaire de l’école arménienne d’Alfortville, l’AAG, dont la majorité des membres du conseil est constituée de personnes désignées par l’église d’Alfortville, s’adresse au tribunal contre l’APCAF, laquelle est dirigée par le Primat émérite du Diocèse de France ainsi que par des personnes ayant occupé de hautes fonctions au sein du diocèse de France, et qui a œuvré pour recueillir 4 millions d’euros, sans compter l’apport substantiel du mécène Kévork Arabian, pour la construction de la nouvelle école d’Alfortville dont l’inauguration fastueuse a eu lieu en 2015 en présence des Premiers ministres de France et d’Arménie. Et depuis 2017, l’APCAF s’est attelée à la construction de l’école maternelle d’Alfortville Mariam Arabian, qui devait ouvrir ses portes en septembre dernier, mais en raison du désaccord entre ces deux structures elle est restée fermée.
En un mot, c’est un désaccord au sein des structures proches de l’Église apostolique arménienne que le tribunal de Créteil devra résoudre. Naturellement, le bon sens aurait dicté une autre solution. Mais il s’est avéré que l’église est incapable de résoudre les problèmes surgis en son sein. Par ailleurs, une initiative parentale a également été prise pour trouver un terrain d’entente, mais en vain.
La principale accusation de l’AAG contre l’APCAF est la création par cette dernière d’un nouvel organe de gestion, l’AGEFAA, pour la nouvelle maternelle Mariam Arabian et le refus de confier sa gestion à l’AAG. Si le différend ne tenait qu’au problème de la gestion de l’école, le jugement du tribunal serait une solution pratique. Mais qu’en est-il du volet éducatif de l’école ?
Comme dans toute collectivité, des incompréhensions profondes peuvent surgir, derrière lesquelles se cachent aussi bien conflit de personnalités, manque de coopération, incompétence professionnelle, volonté de domination… des problèmes habituels, supportables même, s’ils ne perturbaient pas la vie scolaire, le niveau éducatif des élèves de l’école et s’ils ne troublaient pas leur avenir, l’enseignement de l’arménien à l’école qui est aussi l’une des principales missions de l’école arménienne.
Il y a un mécontentement au sein de l’équipe enseignante et de certains parents au sein de l’école. En 2023, à la fin de l’année, le conseil pédagogique de l’école secondaire Kévork H. Arabian – Saint Mesrop envoie un rapport de fin d’année à l’organe de tutelle de l’école, l’AAG, mentionnant de nombreuses lacunes, notamment les interventions inappropriées de la tutelle de l’école dans les affaires de la direction et de la pédagogie. Le nombre des inscriptions au collège diminue. Et au milieu de l’année scolaire 2024-2025, deux enseignants d’arménien ont présenté leur démission en raison de conditions de travail inacceptables. Des enseignants engagés il y a à peine deux ans, expérimentés et compétents, qui comblaient le manque de professeurs d’arménien et renforçaient le niveau d’enseignement de l’arménien.
Quelle que soit l’issue du procès, l’éducation des élèves reste la priorité pour toute institution éducative et cela doit être la principale préoccupation de tout organisme de tutelle. L’entente entre les deux structures reste le meilleur moyen pour éviter les querelles et les dépenses inutiles. Elle permettrait naturellement d’engager tous les moyens humains et financiers pour l’éducation des enfants, et à la résolution des problèmes réels auxquels se heurte l’école.
J. Tch. ■
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* Association pour l’administration et la Gestion du groupe scolaire Kevork H. Arabian – St Mesrop.
** Association pour la Promotion de la culture arménienne, organisation de développement culturel fondée en 2008 par le primat du diocèse arménien de France nouvellement établi, s’est consacrée pendant 17 ans principalement à la construction de nouvelles écoles.
*** Association pour la gestion des écoles franco-arméniennes d’Alfortville.
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