C’est en juillet 2024 que nous lancions l’alerte dans un éditorial intitulé « Arrêter ou continuer ? », suivi d’une rencontre publique au mois d’octobre avec nos lecteurs et amis pour discuter des questions touchant l’avenir du journal. Une année s’est écoulée depuis cette alerte. Quel en est le bilan ? Nous avons reçu de nombreux dons, suffisamment pour pouvoir continuer la publication du journal, mais pas suffisamment pour combler tous nos besoins. Nous avons renforcé la présence du journal sur les réseaux sociaux. Il reste encore beaucoup à faire, notamment pour un journal arménien de la diaspora qui voit le jour en Europe, dont l’audience pourrait être bien plus importante qu’elle ne l’est aujourd’hui, particulièrement pour les lecteurs de la diaspora traditionnelle, qui y ont partiellement accès. Mais il reste encore beaucoup de travail à accomplir dans cette direction, car « Nor Haratch »
demeure peut-être l’un de ces rares journaux non partisans dans l’espace diasporique, qui a sa propre ligne éditoriale – indépendante – et son identité bilingue. Le bilinguisme est un atout, il permet une lecture plus nuancée des réalités, un regard plus large, pour être lu en arménien et en français.
Comme nous l’avons mentionné, la collecte de fonds a aidé le journal à voir le jour. Néanmoins, nous avons grandement besoin de développer la partie française, notamment d’engager un nouveau journaliste. La section arménienne, nous l’avons comblée dans une certaine mesure avec des correspondants de l’étranger, particulièrement avec les collaborateurs du centre « Haratch » d’Erevan. La collecte de fonds est toujours en cours.
En tant que presse arménienne indépendante, « Nor Haratch » occupe une place unique dans le tourbillon géopolitique pour tenter de comprendre les relations entre la diaspora et la République d’Arménie. Bien que les Arméniens ne jouent pas un rôle primordial au plan des relations internationales, ces processus ont néanmoins sur eux et sur l’Arménie de lourdes conséquences. La compréhension et l’interprétation de ces relations complexes de manière aussi peu déformée que possible sont nécessaires. Les Arméniens sont directement impliqués dans les guerres Russie-Ukraine, et au Moyen-Orient entre Israël et le monde arabe. Dans ces régions géographiques se trouvent d’anciennes et nouvelles communautés arméniennes qui subissent de terribles conséquences. Les menaces créées autour de l’Arménie, la perte de l’Artsakh et l’instabilité qui en découle, génèrent naturellement découragement et méfiance envers l’avenir, et désespoir.
Ces facteurs internationaux ont des conséquences directes à l’intérieur de l’Arménie, indépendamment des menaces régionales auxquelles elle se heurte lesquelles se sont accentuées depuis la guerre de 2020 sous la forme des demandes insatiables de l’Azerbaïdjan, et celles créées par les Occidentaux afin de réduire l’influence russe. Sur le plan intérieur, l’affrontement durable entre le pouvoir et l’opposition radicale, auquel s’est ajoutée l’implication de hauts dignitaires ecclésiastiques, a donné une nouvelle ampleur au conflit, avec des incidences plus prononcées sur les Arméniens de la Diaspora.
Les institutions arméniennes en Diaspora ont besoin d’aide. L’école, l’église, les Maisons de la culture, et la presse assurent la vitalité des communautés tout comme l’Arménie. Nous espérons que « Nor
Haratch » continuera sa mission journalistique et qu’il recevra le soutien nécessaire.
J. Tch. ■
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