Le 8 janvier dernier, le RP. Krikor Khachatryan, Primat du diocèse de France de l’Église arménienne, s’est rendu à Bordeaux où il a célébré la Divine liturgie de la Nativité dans une paroisse récemment constituée dans la métropole aquitaine.
L’événement est d’importance car rare dans l’histoire récente de notre Église de France. Difficile de dire à quand remonte la fondation des dernières paroisses de l’Église arménienne du pays. C’est sans doute du côté de la région Rhône-Alpes qu’il faut regarder pour se souvenir que les dernières paroisses ont été fondées à Vienne (qui ne possède pas d’église), à Romans-sur-Isère et à Grenoble. Dans ces villes, deux églises catholiques ont été l’une acquise, l’autre confiée à l’Église apostolique arménienne par le truchement d’un bail emphytéotique.
Le phénomène n’est pas nouveaux, depuis des siècles, les flux migratoires depuis l’Arménie et les communautés du Proche et du Moyen-Orient ne cessent de modeler et de remodeler l’histoire et la géographie des communautés arméniennes d’Europe, en particulier celle de France.
Bien que née dans l’entre-deux guerres à la suite du Génocide de 1915, la communauté arménienne de France a pourtant attendu 80 ans pour se doter d’une structure diocésaine canonique. En effet, ce n’est qu’en 2006, après huit décennies de tentatives inachevées, que le projet lancé par le Catholicos Gévorg V en 1925 a abouti grâce à Mgr. Norvan Zakarian et à ses collaborateurs laïcs de l’époque. Le diocèse compte actuellement 23 paroisses dont 22 possèdent leur propre lieu de culte. Le diocèse de France est l’un des plus importants de la diaspora, mais ses structures sont en réalité modestes si on considère l’importance numérique de notre communauté qui constitue la première « Église orientale » du pays. A titre de comparaison, l’Eglise orthodoxe (Grecs, Russes, Bulgares, Roumains, Français, Serbes, Géorgiens …) qui rassemble deux fois moins de fidèles, compte près de 250 paroisses , une douzaine de monastères et deux instituts de théologie en région parisienne.
Depuis 35 ans, nombre de citoyens de la République d’Arménie ayant quitté leur pays se sont installés en France. La particularité de cette nouvelle immigration est que beaucoup de ses membres se sont installés dans des régions où ne vivaient que très peu d’Arméniens, voire pas du tout. Une nouvelle carte des communautés arméniennes de France de dessine donc actuellement. Ainsi, de nouvelles communautés sont nées dans des villes comme Limoges, Strasbourg, Rennes ou Bordeaux. Il y a un peu moins de dix ans, a débuté le processus de formation de deux nouvelles paroisses à Bordeaux et à Strasbourg.
A Bordeaux, où existait déjà une association culturelle, s’est donc constitué une association cultuelle qui a acquis l’église Saint François de Bègles, dans la banlieue immédiate de Bordeaux. Cet édifice aux dimensions respectables de style néo-roman est depuis son acquisition l’objet d’une restauration méticuleuse menée avec enthousiasme par un groupe de fidèles. Animés de l’esprit des bâtisseurs de nos premières églises des régions marseillaise ou parisienne, ils consacrent leur temps de repos et de loisir aux travaux de mise en conformité et d’aménagement du sanctuaire afin de lui donner les formes canoniques propres aux églises arméniennes. A chacune de ses visites, le RP Krikor encourage et conseille l’équipe paroissiale. La Divine liturgie y a déjà été célébrée à plusieurs reprises bien que l’église n’ait pas encore été consacrée. Le sanctuaire sera dédié à Saint Nercès le Grand (Catholicos du 4ème siècle, descendant de St Grégoire l’Illuminateur.
Sa consécration sera un grand événement non seulement pour la communauté bordelaise et du Grand sud-ouest, mais aussi pour l’ensemble de notre diocèse.
En attendant ce bel événement, toutes les formes d’aides et de soutien sont les bienvenues.
N’hésitez pas à contacter les responsables de la paroisse.
Sahak SUKIASYAN
Église arménienne Saint Nerses,
125, rue Pierre Renaudel
33130 Bègles